![]() Les autorités iraniennes doivent immédiatement suspendre l’exécution programmée de trois jeunes hommes qui ont été condamnés à mort pour des crimes commis alors qu’ils avaient moins de 18 ans, a déclaré Amnistie internationale. L’organisation a appris que Mohammad Kalhori, Barzan Nasrollahzadeh et Shayan Saeedpour, qui ont tous été condamnés pour des crimes distincts commis alors qu’ils étaient mineurs, risquent d’être exécutés de façon imminente. « Les autorités iraniennes doivent agir rapidement pour sauver la vie de ces jeunes hommes. Si elles ne font rien pour suspendre leur exécution, cela représentera de la part de l’Iran une nouvelle atteinte révoltante aux droits des enfants. Le droit international relatif aux droits humains interdit strictement le recours à la peine de mort contre les personnes âgées de moins de 18 ans au moment de la commission du crime, a déclaré Saleh Higazi, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnistie internationale. « La peine capitale est le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit. Le recours à cette peine est inadmissible quelles que soient les circonstances, mais il est encore plus ignoble quand elle est utilisée contre des personnes qui avaient moins de 18 ans au moment de la commission du crime et dans le cadre d’un système judiciaire d’une flagrante iniquité. » L’Iran fait partie d’un petit groupe de pays qui continuent d’exécuter des mineurs délinquants en violation flagrante du droit international. Au cours des trois dernières années, les autorités iraniennes ont davantage procédé à de telles exécutions. L’organisation a connaissance de plus de 90 cas de personnes en Iran qui ont été condamnées à mort pour des crimes commis alors qu’elles avaient moins de 18 ans, mais ce chiffre est probablement très en deçà de la réalité. « Les autorités iraniennes ont des antécédents effroyables de mise à mort de mineurs délinquants, ce qui constitue une violation flagrante du droit international et de ses propres obligations relatives aux droits humains, a déclaré Saleh Higazi. « Au lieu d’envoyer à la mort d’autres mineurs délinquants, les autorités devraient commuer toutes les peines de mort et réformer immédiatement le Code pénal iranien pour abolir le recours à ce châtiment contre les personnes qui étaient âgées de moins de 18 ans au moment de la commission du crime qui leur est reproché. Cela devrait constituer une première étape en vue de l’abolition totale de la peine de mort. » En sa qualité d’État partie à la Convention relative aux droits de l’enfant, l’Iran est juridiquement tenu de traiter toute personne ayant moins de 18 ans comme un mineur, et de s’assurer qu’aucune de ces personnes ne soit jamais condamnée à mort. Amnistie internationale a également observé une très inquiétante tendance des autorités iraniennes à programmer l’exécution de mineurs délinquants avec un préavis très court afin de réduire les possibilités d’intervention d’acteurs publics ou privés visant à sauver la vie de ces personnes. Mohammad Kalhori avait 15 ans quand il a été arrêté, en décembre 2014, après avoir tué l’un de ses enseignants à coups de couteau. La première chambre du tribunal pénal provincial de la province du Lorestan l’a déclaré coupable de ce meurtre en mars 2016. Il a dans un premier temps été condamné à trois ans d’emprisonnement et à payer le « prix du sang » (diyah) à la famille de la victime. Le tribunal a fondé sa décision sur le rapport du médecin légiste indiquant qu'il était immature et présentait un retard de croissance mentale au moment de la commission du crime. Or, cette décision a été annulée en appel par la Cour suprême et en janvier 2017, la deuxième chambre du tribunal pénal provincial de la province du Lorestan a rejeté les arguments relatifs au retard de croissance mentale et à l’immaturité de Mohammad Kalhori, et elle l’a déclaré coupable de meurtre et condamné à mort. Depuis, deux autres recours au moins ont été rejetés dans cette affaire, et le bureau du procureur a averti sa famille que sa peine de mort allait être prochainement appliquée. Le Code pénal islamique iranien prévoit que les juges ont la possibilité de remplacer la peine de mort par un autre châtiment s’ils estiment qu’un mineur délinquant n’avait pas conscience de la nature de son crime ou de ses conséquences, ou s’il existe des doutes quant à « son développement et sa maturité psychologiques » au moment des faits. Barzan Nasrollahzadeh a été arrêté par des agents du ministère du Renseignement alors qu’il était âgé de 17 ans, à Sanandaj, dans la province du Kurdistan, en mai 2010. Il a été incarcéré pendant plusieurs mois dans un centre de détention du ministère du Renseignement à Sanandaj sans être autorisé à communiquer avec un avocat ou avec sa famille. Il dit avoir été torturé au cours de cette période, notamment avec un appareil à électrochocs, en étant suspendu la tête en bas et en étant roué de coups. À l’issue de son procès qui a eu lieu en août 2013, il a été déclaré coupable d’« inimitié à l'égard de Dieu » et condamné à mort. Il est actuellement détenu dans la prison de Raja'i Shahr, à Karaj. Sa demande de révision judiciaire de son cas a été rejetée, ce qui signifie que sa peine risque d’être prochainement appliquée. Shayan Saeedpour a été arrêté alors qu’il avait 17 ans, quand il s’est livré à la police pour un meurtre commis lors d’une bagarre en août 2015. En octobre 2018, la première chambre du tribunal pénal du Kurdistan l’a condamné à mort pour meurtre avec circonstances aggravantes et à 80 coups de fouet pour avoir bu de l’alcool. Amnistie internationale demande au Parlement iranien de modifier de toute urgence l’article 91 du Code pénal islamique de 2013 afin d’abolir la peine de mort pour les crimes commis par des personnes âgées de moins de 18 ans, conformément aux obligations qui incombent à l’Iran au titre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Convention relative aux droits de l'enfant. L’organisation demande également aux médecins affiliés à l’Organisation iranienne des médecins légistes, qui procure aux tribunaux un avis médical au sujet de la « maturité » des personnes déclarées coupables de crimes commis alors qu’elles étaient encore mineures, de ne pas accorder une légitimité médicale au processus judiciaire conduisant à l’exécution de personnes qui avaient moins de 18 ans au moment de la commission d’un crime. Amnistie internationale s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception, quelles que soient la nature du crime commis, les caractéristiques de son auteur et la méthode d’exécution utilisée par l’État. La peine de mort est une violation du droit à la vie.
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![]() Le dirigeant de l’opposition Maurice Kamto doit comparaître ce jour devant un tribunal militaire pour des chefs d’inculpation passibles de la peine de mort, tandis que les autorités camerounaises intensifient leur répression post-électorale à l’encontre des critiques, a déclaré Amnistie internationale jeudi 21 février. Président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto fait partie d’un groupe de 131 personnes arrêtées arbitrairement en janvier et inculpées par le tribunal militaire pour rébellion, hostilité contre la patrie, incitation à l’insurrection, outrage au président de la République et destruction de bâtiments et biens publics. Toutes vont être convoquées par un juge d’instruction. Elles encourent la peine de mort, qui bafoue le droit à la vie et constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit. « C’est effroyable que les autorités camerounaises envisagent de condamner Maurice Kamto à la peine de mort pour avoir simplement participé à une manifestation pacifique. Il fait partie des nombreuses victimes d’une vague d’arrestations collectives dans un contexte où les autorités tentent de faire taire leurs détracteurs, a déclaré Marie-Évelyne Petrus-Barry, directrice du bureau régional d’Amnistie internationale pour l’Afrique centrale et de l’Ouest. « En plus de voir leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique réprimé, de nombreux membres de l’opposition au Cameroun risquent à présent des procès iniques devant des juridictions militaires. Nous appelons les autorités à cesser cette attaque impitoyable contre les voix discordantes. Les civils ne doivent pas être jugés par des tribunaux militaires et ne doivent pas encourir la peine de mort pour avoir exercé leurs droits humains. » Les organes internationaux et régionaux chargés de veiller au respect des droits humains, y compris la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, considèrent que les tribunaux militaires ne doivent en aucune circonstance juger des civils. Ce principe est également inscrit dans les Directives et principes sur le droit à un procès équitable et à l’assistance judiciaire en Afrique. À la suite de son arrestation, le 28 janvier, Maurice Kamto, qui a été candidat lors des dernières élections présidentielles, a passé deux semaines en détention. Au cours de cette période, ses avocats et ses proches ne l’ont vu qu’une fois. Il est incarcéré à la prison principale de Yaoundé aux côtés de six sympathisants et responsables du MRC. Le reste du groupe de 131 personnes arrêtées arbitrairement est détenu dans une autre prison. Amnistie internationale considère qu’elles n’auraient jamais dû être arrêtées. Le 19 février, 12 personnes d’un autre groupe de 15 membres de l’opposition arrêté le 26 janvier à Yaoundé ont comparu devant un tribunal de droit commun. Selon le procureur, elles ont été arrêtées pour avoir tenté de participer à une manifestation interdite. L’audience a été reportée au 25 février. « Les autorités doivent cesser d’être de moins en moins tolérantes à l’égard des critiques et prendre des mesures concrètes pour promouvoir les droits humains », a déclaré Marie-Evelyne Petrus Barry. ![]() Le secrétaire général d’Amnesty International, Kumi Naidoo, écrit au président sri-lankais Maithripala Sirisena Le président sri-lankais, Maithripala Sirisena, doit renoncer à son projet consistant à reprendre les exécutions, après plus de 40 ans d’interruption, pour ôter la vie à au moins 13 personnes condamnées pour des infractions à la législation sur les stupéfiants, a déclaré Amnistie internationale ce jeudi 21 février. Dans une lettre ouverte publiée aujourd’hui, le secrétaire général d’Amnistie internationale, Kumi Naidoo, appelle le président Sirisena à s’acquitter des engagements internationaux pris par le Sri Lanka, à respecter le droit à la vie et à renoncer aux exécutions, dont il a été prouvé qu’elles n’ont pas d’effet dissuasif particulier. « Les exécutions, Monsieur le Président, ne sont pas une démonstration de force, mais un aveu de faiblesse », écrit Kumi Naidoo dans cette lettre ouverte. « Elles témoignent de l’incapacité à créer une société où la protection du droit à la vie l’emporte sur la tentation de la vengeance. » « Pour ceux d’entre nous qui considérons la vie humaine comme une valeur suprême, ôter la vie est l’acte le plus vil qui soit. Cela nous apparaît clairement lorsque quelqu’un commet un meurtre, mais nous choisissons de l’oublier lorsque c’est l’État qui ôte la vie à une personne, infligeant une douleur et une peine comparables à d’autres personnes qui, elles, ne sont en rien responsables du crime ». Comme l’ont démontré de nombreuses études de criminologie, la peine de mort n’a pas d’effet dissuasif particulier. Deux villes de taille comparable, Hong Kong et Singapour, ont ainsi emprunté des chemins différents. Hong Kong a aboli la peine de mort il y a plus d’un demi-siècle, alors que Singapour la maintient. Le taux d’homicides, dans les deux villes, est toutefois resté remarquablement similaire. Même dans les pays qui maintiennent la peine de mort, souligne Kumi Naidoo dans sa lettre, « il est de plus en plus reconnu que la peine de mort n’est pas un moyen de dissuasion efficace pour les infractions liées à la drogue. » La République islamique d’Iran est l’un des pays qui commettent le plus d’exécutions au monde, tuant des milliers de personnes. Conscient de ce fait, l’Iran a maintenant modifié sa législation relative aux stupéfiants, ce qui a permis de réduire considérablement le nombre d’exécutions de personnes condamnées pour des infractions liées à la drogue. Kumi Naidoo a également mis en garde le Sri Lanka, l’invitant à ne pas suivre la même voie que les Philippines, où le président Sirisena s’est récemment rendu, et qu’il a saluées, les présentant comme un exemple à suivre. « Sous la présidence de Rodrigo Duterte », écrit le secrétaire général d’Amnistie internationale, une « terrible vague d’exécutions extrajudiciaires [a touché] des personnes soupçonnées d’infractions liées à la drogue ces trois dernières années ». « Loin de débarrasser les rues du crime, cette campagne meurtrière a coûté la vie à plus de 4 000 personnes, dont des dizaines d’enfants, ce qui pourrait relever du crime contre l’humanité. » Les assassinats commis aux Philippines, qui ont principalement visé des personnes vivant dans des quartiers pauvres, font actuellement l’objet d’un examen préliminaire mené par le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale. Dans sa lettre ouverte, Amnistie internationale appelle le président Sirisena :
![]() Réagissant aux informations selon lesquelles les autorités égyptiennes ont exécuté, le 20 février 2019, neuf hommes déclarés coupables à l’issue d’un procès inique relatif à l’homicide en 2015 de l’ancien procureur général égyptien : « En procédant à l’exécution de ces neuf hommes aujourd’hui, l’Égypte a fait preuve d’un mépris total pour le droit à la vie, a déclaré Najia Bounaim, directrice du travail de campagne pour l’Afrique du Nord à Amnistie internationale. « Les responsables de l’attentat ayant provoqué la mort de l’ancien procureur général égyptien méritent d’être sanctionnés, mais exécuter des hommes déclarés coupables à l’issue de procès entachés d’irrégularités ne permet pas de rendre justice, mais témoigne plutôt de l’ampleur de l’injustice dans le pays. « Ces exécutions sont une sombre illustration du recours croissant du gouvernement à la peine de mort, et portent à 15 le nombre total d’exécutions menées au cours des trois dernières semaines. Les autorités égyptiennes doivent de toute urgence mettre fin à cette vague d’exécutions dans le cadre de laquelle elles ont mis à mort plusieurs personnes à l’issue de procès d’une iniquité flagrante ces dernières semaines. « La communauté internationale doit réagir à cette recrudescence d’exécutions. Les alliés de l’Égypte doivent condamner publiquement le recours des autorités à la peine de mort, châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit. » Complément d’information Les neuf prisonniers faisaient partie d’un groupe de 28 hommes condamnés à mort pour l’homicide de l’ancien procureur général lors d’une attaque ayant eu lieu au Caire en juin 2015. Plusieurs d’entre eux ont affirmé qu’on les avait soumis à une disparition forcée et à des actes de torture destinés à les contraindre à « avouer » ce meurtre. Amnistie internationale s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, quelles que soient la nature du crime commis, les caractéristiques de son auteur et la méthode d’exécution utilisée par l’État. La peine de mort est une violation du droit à la vie. ![]() Les autorités doivent annuler immédiatement l’exécution de neuf détenus, dont Amnesty International a appris qu’ils pourraient être mis à mort dès mercredi 20 février au matin. Ces neuf hommes ont été déclarés coupables à l’issue d’un procès inique relatif à l’homicide de l’ancien procureur général, en 2015, et ont été transférés de leurs cellules vers la prison d’appel en prévision de leur exécution. Durant ce procès, certains des accusés ont déclaré qu’ils avaient été soumis à une disparition forcée, et qu’on les avait torturés afin de leur faire « avouer » ce crime. Najia Bounaim, directrice du travail de campagne pour l'Afrique du Nord à Amnistie internationale, a déclaré : « Le temps presse pour sauver la vie de ces neuf hommes. Les autorités égyptiennes se voient offrir l’occasion d’agir de manière juste, en annulant immédiatement tout projet visant à procéder à ces exécutions. « Les personnes impliquées dans des agressions meurtrières doivent bien évidemment être poursuivies en justice et rendre des comptes pour leurs agissements, mais exécuter des prisonniers ou condamner des personnes sur la base d’"aveux" arrachés sous la torture n’a rien à voir avec la justice. « La peine de mort est un châtiment cruel, inhumain et irréversible, et son utilisation en Égypte est d’autant plus déplorable qu’il est établi que les autorités ont prononcé des condamnations à mort à l’issue de procès manifestement iniques. Au moins six hommes ont déjà été exécutés ce mois-ci après avoir fait l’objet de procès inéquitables. Au lieu de multiplier les mises à mort, les autorités égyptiennes doivent prendre des mesures afin d’abolir la peine capitale une bonne fois pour toutes. » Complément d'information Ces neuf prisonniers faisaient partie d’un groupe de 28 hommes condamnés à mort pour l’homicide de l’ancien procureur général lors d’une agression ayant eu lieu au Caire en juin 2015. Plusieurs d’entre eux ont affirmé qu’on les avait soumis à une disparition forcée et à des actes de torture dans le but de les contraindre à « avouer » ce meurtre. Le 25 février 2018, la Cour de cassation a confirmé le jugement prononcé contre ces neuf hommes, et a commué la peine de six autres en réclusion à perpétuité. Treize autres hommes ont été condamnés par contumace, et un d’entre eux a été renvoyé de force en Égypte depuis la Turquie en janvier. Aux termes du droit égyptien, les personnes condamnées par contumace ont le droit d’être rejugées une fois en détention. Pour l’instant, au moins six personnes ont été exécutées en Égypte en 2019 à l’issue de procès entachés par des allégations de torture. Amnistie internationale s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, quelles que soient la nature du crime commis, les caractéristiques de son auteur et la méthode d’exécution utilisée par l’État. La peine de mort est une violation du droit à la vie. ![]() Les autorités égyptiennes ont aujourd’hui pendu trois prisonniers déclarés coupables d’avoir tué un policier au cours d’affrontements qui ont eu lieu dans les semaines qui ont suivi le massacre de Rabaa. Ces dernières exécutions portent à six le nombre total de mises à mort recensées en Égypte en l’espace de deux semaines. « Ces exécutions, qui interviennent quelques jours seulement après la mise à mort d’autres condamnés dans d’autres affaires, marquent une inquiétante accélération du rythme des exécutions depuis le début de l’année, a déclaré Najia Bounaim, directrice du travail de campagne pour l’Afrique du Nord à Amnistie internationale. « La peine de mort est le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit, et il est inadmissible d’y recourir quelles que soient les circonstances. Ces six exécutions sont d’autant plus odieuses que les victimes ont été condamnées sur la base d’aveux qui selon elles leur ont été arrachés sous la torture. En raison des graves dysfonctionnements du système judiciaire égyptien, plusieurs centaines de personnes ont été condamnées à mort à l’issue de procès manifestement iniques au cours des dernières années. « Les autorités égyptiennes doivent cesser de procéder à des exécutions et instaurer immédiatement un moratoire officiel sur les exécutions en vue de l’abolition totale de la peine de mort. » COMPLÉMENT D’INFORMATION Le 13 février, les autorités égyptiennes ont mis à mort trois personnes déclarées coupables d’avoir tué un policier à Kerdasa, dans le gouvernorat de Gizeh, le 19 septembre 2013. L’un de ces trois condamnés a été soumis pendant trois jours à une disparition forcée avant d’être conduit devant un procureur et inculpé. Les avocats de tous ces condamnés ont affirmé que leurs clients avaient été amenés au moyen de la torture à avouer ce meurtre. Le 7 février, les autorités égyptiennes ont exécuté trois hommes condamnés à mort, dans une affaire liée à des questions politiques, pour le meurtre du fils d’un juge dans la ville de Mansoura en 2014. Ces hommes ont dit avoir été conduits au moyen de la torture à avouer ce meurtre. Amnistie internationale s’oppose en toutes circonstances et sans aucune exception à la peine de mort, quelles que soient la nature et les circonstances du crime commis, la culpabilité ou l’innocence ou toute autre situation du condamné, ou la méthode utilisée pour procéder à l’exécution. ![]() Un tribunal néerlandais prendra connaissance mardi 12 février des premiers éléments d’une affaire décisive concernant Shell. Le géant du pétrole est accusé d’être l’instigateur de graves violations des droits humains commises par le gouvernement contre le peuple ogoni dans les années 90. Esther Kiobel, Victoria Bera, Blessing Eawo et Charity Levula intentent un procès à Shell pour son rôle présumé dans l’arrestation, la détention et l’exécution illégales de leurs époux par l’armée nigériane, à la suite d’une opération de répression brutale envers des manifestants ogonis contre la pollution dévastatrice causée par Shell dans la région. Voir aussi : Nigeria : Graves négligences des géants pétroliers Shell et Eni « Shell se démène depuis des années pour que cette affaire ne soit pas entendue par un tribunal. Ils ont les ressources nécessaires pour se battre contre moi, au lieu d’aider à ce que justice soit rendue pour mon mari », a déclaré Esther Kiobel. Amnistie internationale, qui soutient les demanderesses et l’équipe d’avocat·e·s ayant porté l’affaire devant la justice, a indépendamment recueilli des informations sur le rôle de Shell dans des homicides, viols et actes de torture perpétrés par le gouvernement nigérian dans le cadre de manœuvres visant à écraser la protestation. Barinem Kiobel, Baribor Bera, Nordu Eawo et Paul Levula ont été pendus en 1995 après un simulacre de procès. Leurs veuves demandent désormais une indemnisation et des excuses publiques de la part de Shell. Cinq autres hommes, dont Ken Saro-Wiwa, chef de file des manifestations, ont été exécutés à leurs côtés. Ces hommes sont désormais collectivement connus comme les « neuf Ogonis ». « Ce sera la première fois, dans ce combat pour la justice qui dure depuis plus de 20 ans, qu’Esther Kiobel et les autres demanderesses auront la possibilité de livrer leur récit devant la justice. Ces femmes pensent que leurs époux seraient toujours vivants aujourd’hui si Shell n’avait pas fait preuve d’un tel égoïsme, qui a encouragé la répression sanglante du gouvernement contre les manifestants, alors même que l’entreprise en connaissait le coût humain », a déclaré Mark Dummett, du programme Affaires et droits humains à Amnistie internationale. « Malgré l’existence de nombreux documents secrets constituant des éléments à charge contre Shell, cette société parvient à se soustraire à la justice depuis des années et n’a jusqu’à présent jamais eu à répondre de ces accusations devant la justice. C’est un moment crucial qui s’annonce, en particulier pour toutes les personnes qui ont souffert de l’avidité et de l’irresponsabilité de multinationales dans le monde. » Faire un procès à une puissante multinationale pour les torts qu’elle a causés dans un autre pays est un processus très long. Esther Kiobel a intenté un premier procès à Shell en 2002 à New York mais, en 2013, la Cour suprême a statué que les États-Unis n’étaient pas compétents en l’espèce. Cela signifie que la justice américaine n’a jamais examiné le fond des allégations contre Shell. Les quatre demanderesses accusent Shell d’avoir joué un rôle déterminant dans : l’arrestation et l’incarcération illégales de leurs époux ; les atteintes à l’intégrité physique de ces hommes ; les violations du droit de ceux-ci à un procès équitable et à la vie, et de leur propre droit à une vie de famille. Amnistie internationale a soutenu les avocat·e·s d’Esther Kiobel lorsqu’ils ont saisi la justice néerlandaise de l’affaire en 2017, et a décrit le rôle de Shell dans ces arrestations et exécutions dans une synthèse intitulée In The Dock. Les demanderesses réclament également que le tribunal ordonne à Shell de livrer plus de 100 000 documents internes essentiels au dossier. Les avocats de Shell ont refusé de le faire, bien que ces documents aient été soumis à titre de preuve dans le cadre de la procédure américaine. « Il est temps de mettre fin à l’impunité de Shell, qui dure depuis des décennies », a déclaré Mark Dummett. « Le courage et la résilience de ces femmes, ainsi que leur détermination à rétablir la réputation de leurs époux et à amener Shell à rendre des comptes, sont admirables. Elles ont le soutien des militant·e·s d’Amnistie internationale du monde entier. » Pour un récapitulatif complet de l’affaire, reportez-vous à la synthèse d’Amnistie internationale intitulée In The Dock (en anglais). Pour en savoir plus sur la quête de justice d’Esther Kiobel, lisez Une femme contre Shell. L’audience aura lieu au tribunal de district de La Haye mardi 12 février. ![]() En réaction aux informations selon lesquelles le procureur général d’Arabie Saoudite ne requiert plus la peine de mort contre Israa al Ghomgham, militante poursuivie en justice pour avoir participé pacifiquement à des manifestations antigouvernementales dans la province de l’Est en 2015, Samah Hadid, directrice des campagnes pour le Moyen-Orient à Amnistie internationale, a déclaré : « C’est un immense soulagement d’apprendre que les autorités saoudiennes renoncent à demander l’exécution d’Israa al Ghomgham. Toutefois, si sa vie n’est plus en danger, elle encourt toujours une peine de prison inique au seul motif qu’elle a pris part à des manifestations pacifiques. « Le ministère public saoudien doit immédiatement renoncer à requérir la peine de mort contre quatre autres accusés qui doivent être jugés avec Israa al Ghomgham. Tous ont été placés en détention pour avoir exercé sans violence leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion. « La peine de mort est le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit. Si le fait d’y recourir est horrible en toutes circonstances, procéder à une exécution dans le but de punir des manifestants pacifiques, en violation du droit international, est particulièrement choquant. Les autorités saoudiennes doivent prendre des mesures en vue d’abolir la peine capitale. « Au lieu de traiter les manifestants pacifiques comme des criminels et d’employer des moyens extrêmes pour les réduire au silence, les autorités saoudiennes devraient veiller à ce qu’Israa al Ghomgham et toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leur droit à la dissidence pacifique soient libérées immédiatement et sans condition. » Complément d’information Israa al Ghomgham a été arrêtée avec son mari Moussa al Hashem en décembre 2015 en raison de leur participation à des manifestations en faveur de réformes et de plus de droits pour la minorité chiite à Qatif, dans la région de l’Est, au lendemain des soulèvements du Printemps arabe. Elle doit comparaître devant le Tribunal pénal spécial, une juridiction antiterroriste tristement célèbre, avec cinq autres personnes : Ahmed al Matrood, Ali Ouwaisher, Moussa al Hashem, Khalid al Ghanim et Mujtaba al Muzain. Ils font l’objet de toute une série de chefs d’accusation, notamment de « participation à des manifestations », ce qui constitue une violation du Décret royal 44/A portant application de la Loi de 2014 relative aux crimes de terrorisme et à leur financement. |
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